A Salta, retour en Argentine

Publié le par O2

J'étais donc à La Quiaca et je devais atteindre la gare routière. Toujours tout droit, qu'ils nous disaient. Je m'engage... et demeure perplexe devant les différentes routes qui s'offrent à moi. Ok, on va faire demi-tour, c'est sans doute plus sage, et un taxi ne sera pas de refus pour porter tous ces sacs. Tiens, une dame qui fait pipi au milieu de la route! Original... (Un peu de Montmartre en Argentine, pour quelqu'une qui se reconnaîtra).

 

Je monte dans un taxi. Une dame veut le partager avec moi mais le chauffeur refuse et lui claque la porte au nez. Amabilité, quand tu nous tiens! 

 

J'arrive à la gare, j'attends au soleil que le car arrive. Au passage, je retrouve deux Israéliennes que je suis sûre d'avoir croisées auparavant. Il y a également un groupe d'autres Israéliens, je suis bien de retour en Argentine. Mais ceux-ci ne montent finalement pas dans le bus, le trajet sera donc plus calme.

 

C'est à mon tour de donner mon sac. Laisser un pourboire à celui qui s'occupe de mettre les bagages dans la soute est obligatoire et l'Israélienne se fait poursuivre jusqu'à ce qu'elle ait donné ses deux pesos. Je m'apprête à monter dans le car... Je remarque seulement alors que mon billet n'est pas comme ceux des autres passagers. De fait, le contrôleur ne me laisse pas passer et m'envoie au guichet. Vous n'avez pas confirmé votre trajet, me dit-il. Mais puisque j'ai acheté mon billet il y a une heure pour ce bus-ci! Il fallait confirmer. Et comment je le devine si on ne me dit rien?

 

Bref, je vais au guichet, on me confirme mon billet et l'on m'attribue une place... différente de celle que j'avais choisie! Je le mentionne, on me répond que c'est comme cela et pas autrement. J'interroge le contrôleur qui, très gentiment, me raccompagne au guichet pour que je puisse choisir mon siège. Je monte donc enfin dans le bus. Mais là, je constate que le prix mentionné sur mon billet est nettement inférieur à celui que j'ai payé (et si bien négocié! Tu parles Charles!). Je retourne voir le contrôleur... qui m'explique que j'ai en fait acheté mon billet dans une agence et non chez la compagnie de bus. En Bolivie, évidemment, ils ne m'avaient rien dit. Et moi qui croyais avoir fait une affaire! Morale de l'histoire pour les voyageurs: si vous passez la frontière de la Bolivie vers l'Argentine, n'achetez vos billets qu'une fois arrivés à la gare routière argentine!

 

Une dame me distribue un tract pour connaître "le chemin vers le ciel", une autre, avec les habits boliviens insiste pour me vendre ses objets, un taxi roule avec un panneau "Jésus t'aime"... c'est aussi ça, l'Amérique latine.

 

Le bus démarre et je retrouve le désert tout d'abord, avec des centaines de cactus. Puis tout devient beaucoup plus vert, des gens travaillent aux champs, des collines verdoyantes apparaissent. Aux passages à niveau, des panneaux priant les conducteurs d'écouter pour savoir si un train arrive avant de franchir les rails... Un nouveau contrôle de police, on ne sait jamais bien pourquoi, ils fouillent certains sacs, interrogent certaines personnes, un peu au hasard, j'ai l'impression.

 

Soudain, je sens quelque chose de bizarre sur mon nez. Je regarde mes lunettes... Elles sont cassées! Toujours au même endroit, toujours sans que je sache comment. Je vais finir par croire que je subis une malédiction, cette paire a duré deux jours et demi! Cette affaire n'est pas claire, elle me tournesol.

 

J'arrive enfin à Salta. Je refuse les taxis gratuits qui me sont proposés pour aller à des auberges, car j'ai déjà une idée d'où je souhaite me rendre. Je pars donc à pied, avec mon sac (qui commence à crouler sous les cadeaux de Noël!), sous un soleil de plomb. La ville a l'air jolie, mais je me demande pourquoi autant de chants religieux s'entendent partout dans la ville. On me rappèlera plus tard que nous sommes le 8 décembre et que les Argentins, comme les Espagnols, fêtent l'immaculé Conception.

 

Pour le moment je me concentre sur les hôtels. Le premier ne me convainct que moyennement. Pour une fois,  et malgré la chaleur étouffante, je décide de ne pas m'arrêter au plus simple et de tenter de trouver mieux. Le second hôtel n'est pas vraiment mieux. Je me dirige alors vers l'un de ceux que l'on m'a proposés à la gare routière, le moins cher, celui qui me paraissait le moins bien. Et bien c'est le meilleur! Je m'y installe et c'est avec délectation que je peux, enfin!, prendre une douche.

 

J'ai le choix entre un lit dans une chambre de quatre personnes, en partie occupée, ou un lit dans une chambre de six, vide pour l'instant, mais qui se remplira sûrement par la suite. J'opte pour la chambre de six, en croisant les doigts pour que personne d'autre ne vienne.

 

Je me repose et, le soir, je pars me promener avec un Brésilien et une Américaine (qui parle l'espagnol!) de l'auberge, dans le centre de la ville. Tout est illuminé et c'est superbe, je comprends pourquoi on appelle Salta "la linda", ce qui veut dire "la belle". C'est drôle de les voir installer des sapins de Noël, alors qu'il fait au moins 35 degrés encore à cette heure.

 

Nous allons d'abord sur la place principale et dans la rue touristique et connue pour ses bars et restaurants avant de nous diriger, à pied, vers une "peña" (restaurant avec musique folklorique) que nous a conseillée le gérant de l'auberge. Mais les rues défilent et nous ne voyons toujours pas apparaître celle du restaurant. Aucun taxi à l'horizon, nous nous sommes éloignés du centre et c'est un jour férié. Mais à une station service, un taxi prend de l'essence. Nous nous précipitons sur lui et nous arrivons au restaurant... absolument vide.  Il est 22 heures, pas un client à l'intérieur. On hésite à faire demi-tour mais l'on se dit qu'après tout ce chemin, il faut rester.

 

Nous restons donc et réalisons qu'il y a un jardin intérieur qui, lui, est rempli de monde. Nous commandons des empanadas et des pavés de viande, arrosés de Malbec, pendant que les musiciens jouent des musiques de la région... Voilà de quoi me faire oublier mes trois repas précédents, composés en tout et pour tout de pain, de biscuits aux céréales et d'eau datant de San Pedro d'Atacama!

 

De retour dans ma chambre, je constate que je suis encore seule. Tant mieux, je me prépare pour une bonne nuit de sommeil... Mais c'est sans compter sur le réveil, au matin, par le gérant de l'auberge qui ne comprend pas pourquoi on m'a installée dans cette chambre. Il a besoin de mon lit, six Français avec une réservation viennent d'arriver.

 

Déménagement obligé, je suis encore en pyjama et je devine que les nouveaux venus sont français lorsque j'entends l'un d'eux qui explique à ses camarades: "c'est bon, elle dégage.". Effectivement, je dégage! Et dans la nouvelle chambre où je m'installe, la porte d'un des "lockers" me tombe sur le cou! Un sentiment de Perrin, François Perrin, m'envahit.

 

Un petit déjeuner (ou ce qu'il en reste) et ça ira mieux. Justement, voici les Français qui débarquent dans la cuisine. Il ya une fille, Adriana et cinq garçons, tous du sud de la France. Nous faisons connaissance et, comme nous avons à peu près prévu le même programme, nous partons ensemble nous promener dans Salta.  Comme je mets mes lunettes, en attendant d'en trouver d'autres, l'un des Français me dit: "Ah, toi aussi tu as ce problème avec tes lunettes?". Comment ça, moi aussi? Leurs lunettes, même leurs Ray ban, sont cassées et au même endroit que les miennes! Je me sens d'un coup beaucoup moins seule!

 

Quelques églises, la place principale... la terrasse d'un café!!! Une fois installés, dur dur d'en partir! J'achète un chapeau de gaucho à une vendeuse, je me sens ainsi tout à fait autochtone. Pendant ce temps, les autres Français essayent de tirer de l'argent dans les distributeurs... et je comprends pourquoi on m'avait dit de partir en Argentine avec deux cartes bleues! Il paraît que c'est comme cela partout dans le nord, les gens font la queue toute la journée devant les distributeurs pour obtenir de l'argent. Autour de nous, effectivement, des files de dizaines de mètres devant chaque distributeur et c'est comme cela du matin au soir.

 

Chose étrange, HSBC est la seule banque où il n'y a pas de queue. Nous partons y faire un plein de liquide, dans la mesure du possible, car, même chez HSBC, les distributeurs argentins sont toujours très limités et ne permettent pas de tirer plus de 150 ou 200 euros (1000 pesos argentins maximum en général, voire 500).

 

J'emmène ensuite le groupe déjeuner dans une autre "peña" que j'ai repérée, même si elle est dans la rue touristique. Au passage, j'achète une nouvelle paire de lunettes, en espérant bien que ce sera la dernière du voyage. Il reste deux semaines, c'est risqué, mais jouable. Il n'est pas interdit d'espérer...

 

Le menu que l'on nous propose ne précise pas que le couvert, le pain et les sauces qui nous sont apportées sont en supplément. Et lorsque nous payons et que le serveur "oublie" de nous rendre toute la monnaie, on se dit que la vigilance doit être permanente.

 

Je convaincs ensuite mes nouveaux compagnons de monter à pied au mont qui surplombe la ville et d'où l'on a une vue générale sur les collines avoisinantes. Je ne sais pas combien de degrés il fait, mais nous transpirons à grosses gouttes pour gravir les 1070 marches du chemin de Croix qui mène au sommet. Du coup, même les  grands dadets fils de médecins qui avaient juré de ne jamais boire d'eau du robinet accèptent mon eau, alors qu'ils m'ont fait tout un cirque avant sur les dangers de l'eau non minérale. Des Goliath bien douillets, qui n'ont pas grand chose de David. Ne jamais dire fontaine...

 

Au sommet, la vue est décevante. Mais, une fois n'est pas coutûme, je m'achète un Magnum que je savoure pendant que les autres se battent pour boire de l'eau, minérale cette fois-ci, on ne sait jamais. Une petite pause à l'ombre, sur la terrasse, est agréable.

 

Puis vient le moment de la descente, en téléphérique, cette fois. "Tu aurais préféré descendre à pied", me dit Adriana. Oui, mais c'est pas grave, comme ça, ça change et la vue est différente, plus jolie d'ailleurs. Pour le télécabine, il faut payer. Le gardien nous demande de faire l'appoint. Tout sourire, je lui demande si, dans ce cas, on peut avoir une réduction. Bingo, il nous réduit d'un tiers par personne le prix du billet!

 

Une fois en bas, je me sépare du groupe, nous avons chacun des courses différentes à faire. Je les retrouve à l'hôtel, ainsi que Bruno, le Brésilien de la veille et un couple de Suisses dont le garçon a demandé à la fille de l'épouser devant Bruno.

 

Etrangement, tout le monde a prévu de manger des nouilles pour le dîner. Je me sens un peu tiraillée entre le groupe de Bruno et des Suisses qui me proposent de manger leurs pâtes fraîches et les Français qui m'invitent à une Caïpirina (j'avais dit oui aux pâtes avant de savoir pour la caïpi, sinon, le choix aurait été vite fait!). Finalement je fais un mélange des deux et, comme il y a  toute une boname de pâtes fraîches, tout le groupe de Français en profitons.

 

Nous restons dans le jardin de l'auberge une bonne partie de la soirée et je vais me coucher, dans ma nouvelle chambre. Il y a deux Espagnoles qui y dorment et qui ont mis en marche le ventilateur, juste à côté de ma tête, donc de mon oreille... Impossible de dormir, j'éteins le ventilateur. Mais nous étouffons, il faut le rallumer. C'est comme cela toute la nuit, jusqu'à ce j'entende les Français discuter devant ma porte. J'émerge et ils s'étonnent de me voir debout si tôt... Comment leur dire que s'ils avaient été discuter ailleurs j'aurais sans doute pu finir ma nuit un peu plus correctement?

 

Ils s'en vont, je leur souhaite bonne route, nous nous reverrons peut être à Buenos Aires. En attendant mon bus, je pars à la recherche d'une boutique de gaucho, absolument extraordinaire, mais que je soupçonne de profiter de sa renommée pour faire tripler ses prix.

 

Puis, début d'après-midi, à nouveau toute transpirante, je pars pour la gare routière. J'aurais pu rester plus, pour visiter les alentours de Salta, très jolis, paraît-il. Mais pour cela j'aurais encore dû prendre des bus et je n'en avais pas envie. J'ai préféré rester moins longtemps, mais bouger moins. Ce n'était peut être pas le meilleur choix, mais je ne pouvais pas deviner ce qui m'attendait.

 

 

Publié dans Argentine

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