A Valparaíso, avec Pablo et Pupuce.

Publié le par O2

Santiago-0775.JPGDes tas de maisons bleues, et rouges, et jaunes, et vertes, et roses, adossées sur les collines. On s’y promène a pied, ceux qui vivent là ont peut être encore les clefs. Quand Valparaíso s’allume, quand Valpo s’allume... attendez-moi!

 

J’y arrive en bus, un taxi m’emmène à l’hostal Caracol, qui m’a été conseillé, entre autres, pour le charme du coin et de son propriétaire, un certain Pablo. Mais pas de Pablo à l’horizon, je vais donc en chercher un autre, un peu plus haut, dans la même rue. Un Pablo à l’âme un peu poète (on dit poète, parce que ça rime avec brouette).

 

Mais, avant d’arriver chez lui, j’avise une petite galerie d’art, comme il y en a tant à Valparaíso. J’y admire quelques oeuvres et me laisse tenter par la caféteria en terrasse, avec vue sur la ville. A peine servie que je renverse mon jus d’orange, trop salés ces oeufs sur le plat et il y a des olives dans mon empanada, mais je profite de la vue et réponds aux saluts que me lancent des petits djeuns du haut d’une autre terrasse, celle de la maison de Pablo, justement.

 

Je cours donc à la Sebastiana, maison accquise par Neruda à Valparaíso, alors que personne n’en voulait. Sur trois étages s’etendent à nouveau collections d’objets disparates, jouets que Neruda gardait pour le grand enfant qu’il aimait être encore, et souvenirs marins. La maison domine toute la ville, on y voit les autres “cerros”, ou monts, jusqu’à la mer, évidemment.

 

Santiago-0734.JPGPuis, je commence à me promener dans la ville, en déviant assez rapidement ma route, à cause de rencontres peu plaisantes. On m’avait prévenue d’être vigilante, mais cela concernait les vols à l’arrachée. Pas le matage incessant de Chiliens frustrés ou pervers.

 

Il fait très chaud, je découvre une ville tout en couleur, pleine de fleurs, de maisons colorées et de peintures murales. Ici, chaque artiste a sa place, comme en témoigne les nombreuses galeries que je visite. Les quelques ascenseurs d’autrefois qui fonctionnent encore, ou les nombreux passages et escaliers vous emmènent de colline en colline, à la découverte du "street art" et de la vie de bohème. Cela veut dire, je crois, qu’on est heureux.

 

Santiago-0742.JPGMais les sifflets, les coups de klaxons et les regards insistants sont incessants. C’est pire qu’en Syrie, je me sens vraiment comme de la viande pour l’appétit de ces messieurs. Je tiens le coup le temps de voir ce que je veux voir, mais pour le reste, non accompagnée, j’abandonne. Il n’est que 16 heures quand je rentre à l’auberge et n’en sors plus, je ne veux pas retourner dehors.

 

A l’auberge, une bonne nouvelle m’attend. Je surprends une conversation entre plusieurs filles qui partagent ma chambre. Visiblement, quelque chose ne va pas. Je demande à en savoir davantage. Il se trouve que trois d’entre elles se sont réveillées avec d’étranges boutons sur le corps. Une petite enquête leur a révélé que leurs lits étaient infestés de puces et que cela venait très certainement des matelas. Lorsqu’elles l’ont dit au sieur Pablo, celui-ci n’a pas paru plus étonné que cela et leur a simplement proposé de changer de lit. Mais l’auberge est pleine, alors je ne sais pas trop comment elles vont changer de lits. Il y a autre chose que l’on ne me dit pas. Pas encore. C’est que l’une de ces filles a dormi, la veille, dans le lit que j’occupe actuellement!! Une autre, dans le lit du dessus.

 

To do? Il n’est plus temps pour moi de chercher un autre hotel, il est déjà tard. Sortir mon duvet et dormir dedans? Ne serait-ce pas le meilleur moyen de l’infester de puces et de contaminer, par la suite, tout mon sac? Me couvrir des pieds à la tête? Non plus, les puces ont mordu les autres filles à certains endroits bien couverts et le probleme de multiplier les risques de contamination est le même. Dormir par terre, enfin? Pas sûre que ce soit tellement plus hygiénique.

 

Je décide donc de me coucher (tant bien que mal, j’avoue) et de m’en remettre à ma bonne étoile. Mes perces-oreilles me manqueraient presque! On verra bien si je suis touchée et, si je le suis, je compte bien demander le remboursement intégral de la nuit.

 

La nuit passe, lentement. Ca me gratte de partout. Mais cela doit être psychosomatique, car je me reveille le lendemain avec seulement un bouton, qui n’est sans doute pas dû aux puces. Je quitte donc l’auberge sans scandale et vais prendre le bus pour Isla Negra.

 

J’ai dans la tête quelques images, en effet, de la vie de Neruda à Isla Negra, telle que décrite dans Le facteur de Neruda. Je suis donc curieuse de voir en vraie la maison que le poète a tellement aimée. Dans le bus, attention! Ce n’est pas la première fois que cela arrive, les arrêts ne sont pas annoncés et ils consistent parfois en de simples poteaux, sans nom dessus pour se repérer. Insister donc pour que l’on vous dise où descendre!

 

Santiago-0752.JPGLa maison de Pablo Neruda est au bord de la mer, face à la plage. Face à la mer, il aurait pu mourir, face contre terre, mais il a été amené en urgence à un hôpital de Santiago, où il a fini ses jours. La maison a la forme, à la fois, d’un bateau, pour y naviguer, et d’un train, en souvenir du père du poète qui était, je crois, conducteur de locomotives. Des collections de pieds de piano (sans piano), de verres (de toutes les couleurs, car l’eau et le vin ont meilleur goût lorsqu’ils sont bus dans des verres de couleur), de proues de bateaux, de coquillages, de pipes, j’en passe et des meilleures, ornent les murs. Il y a même le cheval le plus heureux du monde, selon Neruda, parce qu’il a trois (ou quatre) queues!

 

Santiago-0750.JPGDehors, la cabane où Neruda aimait écrire. Sa tombe aussi, ainsi que celle de sa troisième et dernière épouse, Matilde. Et la plage, le vent, les rochers, le soleil et la mer, la mer qui était son inspiration. Je m’y promène, y respire l’iode et goûte le Pacifique. L’océan qui était si grand et si agité qu’on ne pouvait l’enfermer et que c’est pour cela qu’on l’a laissé ici, sous ses fenêtres, disait Neruda, dont le lit est orienté de façon à ne voir que la mer.

 

L’heure du retour à Santiago a sonné. Si j’ai le temps, je passerai faire une visite rapide à Michael, je sais qu’en fin d’après-midi il n’a rien a faire. Mais la dame qui me prépare mon poisson frit à emporter prend son temps et je rate mon bus. J'en suis quitte pour regarder les vignes défiler à nouveau devant mes yeux et arriver un peu tard à Santiago. Je ne vais pas retrouver mes amis, après tout on s’est vu il n’y a pas longtemps et je vais m’acheter de quoi survivre aux vingt-quatre heures de bus qui m’attendent... Que prendre pour l’occasion? Quelque chose qui change.... Je ne peux pas me concocter de salade et certaine personne connait mon art de manger les tomates, je cherche donc quelque chose de plus simple... Je passe devant un rayon de poulets rôtis... Quand même pas! Quoique... Non, un poulet entier, dans le bus, ca va pas?? Oui mais... Non! Vlam! Je me décide, je fais demi-tour et je prends le poulet, non sans une petite pensée pour quelqu’une qui se reconnaîtra. Le vendeur, amusé, mais très gentil, me le découpe en quatre morceaux et me l’emballe. Me voilà parée pour surmonter un siège, le 8 mai 1429 peut arriver! En route pour Atacama!

Publié dans Chili

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