02/11/2010 Dans lequel Candide va voir des baleines et apprend à s'affirmer

Publié le par O2

C'est bien connu, les avocats sont des personnes affirmées. Et si l'élève avocat n'a pas encore acquis ce savoir faire indispensable à la profession, il a la possibilité de suivre un cours d'"affirmation de soi". Ah, ce cours.... mémorable! Mais encore n'est-il utile que s'il est mis en application. Donc...

 

La responsable de l'auberge de jeunesse m'avait donné rendez-vous à "7h30,8h00" pour l'excursion. "7h30, ou 8h00?" avais-je demandé... 8h00, m'avait-elle alors répondu, ainsi qu'à l'Allemand qui partageait ma chambre. Je descends donc toute tranquille prendre mon petit-déjeuner, il est 7h30, j'ai encore largement le temps de me préparer. Quelle n'est pas ma surprise de voir tous les autres de l'hôtel avec leur manteau, n'attendant que le signal du départ et nous jetant, à l'Allemand et à moi, des regards furibards! Quoi??! Et nous qui nous targuions d'être ponctuels! Nous sommes pourtant montés dans le bus avec un quart d'heure d'avance, mais ça n'a pas déridé des Français installés à mes côtés. Les deux Français que j'avais suivis la veille en sortant de la gare routière et qui, on peut le dire, n'avaient pas été franchement très loquaces.

 

Enfin bon, nous voilà enfin en route pour la Peninsula Valdès, sa réserve naturelle, ses baleines, ses pingouins et autres lions et éléphants de mer.

 

Premier arrêt dans un musée, dont je ne lis pas grand chose, je lui préfère bizarrement une pause "soleil", mais j'y apprends tout de même que la baleine franche australe a deux petits os, sous la queue, qui ne lui servent à rien, mais qui sont des vestiges de membres inférieurs.

 

Puis, nous voilà partis en directions des lions de mer. Des falaises, nous pouvons également voir des baleines, au loin, et d'autres plus près, qui nagent ou sautent. Le soleil est de la partie, nous en profitons.

 

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Nous allons ensuite à la rencontre même des baleines, en zodiak. Certaines passent sous l'embarcation, nous pouvons les voir de très près. La baleine franche australe mesure seize mètres de long et peut peser jusqu'à trente tonnes. Elle a des tâches blanches sur la tête, ce qui rend difficile de voir ses yeux. Il faut le dire, elle est spécialement moche! Mais il est attendrissant de voir que la mère se place toujours entre l'embarcation et le baleineau, pour protéger son petit, ou se met sur le dos pour qu'il puisse têter.

 

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En retournant sur la plage, la guide nous apprend qu'à cause du mauvais temps des jours antérieurs, la route est en partie impraticable et que nous ne pourrons, par conséquent, pas voir tous les points prévus dans l'excursion. Et, effectivement, nous arrivons à voir les éléphants de mer, mais ni les loups de mer, ni les pingoins.

 

Les éléphants de mer ont la belle vie. Ils passent six mois de l'années à se nourrir et six autres mois à féconder les femelles et à faire bronzette sur la plage. Ce sont aussi d'énormes boules de graisses qui passent leur temps à se jeter du sable sur le dos, avec leurs pattes avant.

 

Après les éléphants de mer, nous prenons le chemin du retour. La guide nous présente ses excuses, mais, à l'arrière du minibus, les Français râlent. Nous n'avons vu que les deux tiers de l'excursion, va-t-on demander le remboursement? Un conciliabule s'organise. Si nous demandons le remboursement, il faut se mettre d'accord sur le montant que nous souhaitons obtenir. Certains proposent la moitié. Je suggère les deux tiers, puisque cela correspond à ce qui nous a manqué. Seulement, comme le fait remarquer une amie de la cousine de Colombe, rencontrée là par hasard, cela fait beaucoup et nous avons peu de chance de l'obtenir. Je suis entièrement d'accord, mais explique qu'il vaut mieux demander d'abord beaucoup, et faire des concessions ensuite, sinon nous n'aurions plus rien à négocier. Quelques réminiscences de mon dernier stage...

 

Nous restons donc sur le principe de demander le remboursement de l'excursion, le prix de la promenade en zodiak mis à part. Je laisse quelqu'un d'autre entamer la discussion, si je connais un peu la théorie, je ne suis franchement pas une experte dans la pratique de la négociation. De plus, je dois partir dans une demie-heure pour prendre mon bus et je dois préparer mes affaires. Nous voici donc, tous les Français, en train de présenter nos réclamations. Surprise, la tenante de l'auberge appelle l'agence qui organisait la sortie et expose notre cas. Les autres du groupe vont vaquer à leurs occupations en attendant la suite des événements.

 

Je reste à proximité. Lorsqu'elle raccroche, l'aubergiste m'informe du refus de l'agence de nous rembourser. Je pense alors à deux choses: garder le sourire et savoir s'affirmer. J'ai vingt minutes pour convaincre. Certes, la guide était très bien, je ne remets rien en cause de cela, mais ce n'est sans doute pas la première fois qu'il pleut à Puerto Madryn et ils auraient donc dû prévoir que la route serait impraticable, ou du moins nous avertir du risque. On m'avait assuré que je verrais des pingouins et si j'avais su (ou été moins confiante/naïve), je me serais organisée pour rester plus longtemps et aller en voir au lieu de prendre aussi vite mon billet pour le sud.

 

L'aubergiste rappelle alors l'agence. Nouveau refus, au motif cette fois que nous avons participé à l'excursion. J'insiste alors de nouveau, sans grand espoir, il me reste moins de dix minutes avant mon départ et, en plus, j'avais payé en avance (grossière erreur!). Mais on obtient des miracles avec un sourire, paraît-il. Et quand je dis que "participé à l'excursion" a signifié en réalité rester assis dans un bus à faire de la route, mon interlocutrice rappelle encore une fois l'agence.

 

Cette fois, je l'entends qui me demande: "combien demandez-vous?". Aussitôt, je donne le montant des deux tiers et je lui expose mon calcul. Elle répète cela, il y a quelques instants de silence... puis, elle raccroche et me tend 120 pesos, l'équivalent d'un peu plus de vingt euros, les deux tiers de l'excursion! Et chacun de nous aura droit à cela.

 

J'en informe les autres, leur dis au revoir et pars prendre mon bus. Je n'ai pas vu les pingouins. Mais j'ai réussi une négo.

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